Tissé

15 mars - 12 mai 2024

Commissaire: Tatiana Rykova

Depuis l'Antiquité, le fil et le processus de tissage ont été dotés de significations magiques et ont joué un rôle important dans les mythes et les légendes. Il suffit de se souvenir du fil d'Ariane ou de Pénélope attendant Ulysse au métier à tisser. Utilisés au début pour créer des vêtements et des articles ménagers, les textiles ont très tôt attiré l'attention des artistes, ce qui s'est reflété dans la décoration des costumes folkloriques, ainsi que dans l'apparition de espaliers et de tapisseries uniques.

Au fil du temps, les textiles sont devenus une direction artistique indépendante et les artistes qui travaillent avec eux ont commencé à utiliser toutes les possibilités plastiques de ce matériau incroyablement diversifié. Au cours des dernières décennies, les textiles d'auteur ont dépassé les limites de l'art décoratif et ont réussi à exister dans le domaine de l'art proprement dit, notamment parce qu'ils ont cessé d'être seulement un moyen d'expression, devenant parfois un objet de recherche, une déclaration artistique en soi. Dans les œuvres des auteurs, les techniques traditionnelles de tissage, de broderie et de collage se combinent organiquement avec des expériences technologiques, révélant de nouvelles significations pour des images artistiques familières.

L'exposition se compose de quatre sections consacrées aux différentes formes d'utilisation du textile dans les œuvres de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle, avec quelques exemples moins récents.

La douceur et la légèreté du tissu, qui ondule avec le mouvement de l'air, attirent les artistes qui utilisent la toile comme base de leurs œuvres. Dans les œuvres de Maria Arendt, Lisa Olshanskaya et Asya Marakulina, la toile textile aérée et mobile est combinée à une broderie graphique monochrome accentuée, grâce à laquelle la structure du tissu est encore mieux révélée.

Certains auteurs font appel aux propriétés uniques de la texture textile. Dans cette section de l'exposition, la place principale est donnée à la technique du collage: en cousant ensemble différentes textures et couleurs, les artistes construisent des compositions remplies de connotations inattendues. L'exposition présente l'œuvre phare de Lidia Masterkova, "Composition. Priluki" de Lidia Masterkova, créée par la technique du collage à partir de fragments de tissu. Dans les œuvres textiles de Vitaly Turlik, une grande place est accordée à l'improvisation et aux méthodes de créativité spontanée. Riches en composition, les œuvres sont cousues à partir de nombreux petits fragments de tissus hors d'usage, qui retrouvent ainsi une seconde vie. Les œuvres d'Ana Grositskaya s'inspirent des illusions d'optique - la paréidolie. Les formes découpées dans le tissu par l'artiste ont été trouvées dans la neige fondante, les arbres, les fissures et les fils électriques entremêlés. Cousues ensemble, elles se sont transformées en un grand jardin dans lequel tous les éléments de la composition sont importants.

Dans le langage contemporain, le mot tissu a de nombreuses significations: il n'est pas seulement matière, mais aussi structure anatomique du matériau et de l'image. L'une des sections les plus variées de l'exposition est consacrée aux œuvres qui combinent les technologies traditionnelles et les principes de travail du textile avec une approche innovante du matériau lui-même. La sculpture en dentelle de Nadia Zubareva est faite d'une grosse maille métallique. La vulnérabilité de la construction et, en même temps, la monumentalité de l'œuvre elle-même donnent naissance à une image étonnamment précise et paradoxale.

D'autres auteurs se tournent vers des formes traditionnelles de travail du textile, en y transférant des images artistiques vivantes et parfois ironiques. Par exemple, l'ornement du tapis TV Goodbye conçu par Julia Markos représente l'écran de veille qui apparaissait sur tous les postes de télévision soviétiques à la fin d'un programme de la journée. L'œuvre "Sous l'eau" d'Eugenia Evart traite de l'actualité environnementale: un poisson tissé en lin et en coton, entouré de vagues de polyéthylène et d'autres poissons en plastique, devient un symbole de la fragilité de l'écosystème. Dans les œuvres de l'artiste Mila Vvedenskaya, la structure du tissu joue un rôle particulier: scintillante et flottante, elle crée un espace dans lequel la forme est inséparable du contenu.

La dernière section de l'exposition rassemble des œuvres qui illustrent la synthèse de différents médias et révèlent l'énorme potentiel des textiles dans le domaine de l'art contemporain. Les objets in situ occupent une place importante parmi ces œuvres. L'exposition présente l'objet spécifique "Point d'appui" d'Alexandra Ostrovskaya, préparé à l'origine pour le pavillon Milovid à Tsaritsyno.

La division en sections de l'exposition est plutôt conventionnelle. Néanmoins, selon la commissaire du projet, l'espace d'exposition, "tissé" d'œuvres de différents auteurs, nous permet d'établir des parallèles inattendus entre les œuvres et de les regarder d'une nouvelle manière.

Le projet comprend des visites guidées, des ateliers et des rencontres avec des artistes.

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